Qu’est-ce que la métaphysique, cette discipline longtemps réputée reine des sciences, puis largement critiquée, discipline à laquelle Claudine Tiercelin tient résolument à rendre ses lettres de noblesse ? Que peut-elle nous apprendre, à nous qui avons désormais les sciences physiques, qui ont fait leurs preuves dans la connaissance du réel ? C’est que nous sommes tous métaphysiciens sans le savoir, et que nous cultivons malgré nous des illusions métaphysiques auxquelles, selon Claudine Tiercelin, il faut apporter des remèdes pour nous permettre de penser correctement. Bien comprise, la métaphysique est au contraire ce qui permet d’atteindre la connaissance du « ciment » qui fait tenir les choses ensemble, et donc d’investiguer le réel aux côtés des sciences, mais sans s’y réduire. Plus largement, conçue comme enquête rationnelle, sensible à la vérité objective et à la justification, la connaissance est pour Claudine Tiercelin la seule à même de nous prémunir du scepticisme, de nous ancrer dans le réel et de répondre aux enjeux de la vie démocratique. C’est dire que ses travaux renouvellent profondément la philosophie de la connaissance, en mettant en avant la nécessité d’une philosophie fondamentale déjouant le régionalisme des savoirs (épistémologie, philosophie morale, philosophie politique, esthétique…).
Agrégée de philosophie, ancienne élève de l’École normale supérieure, Claudine Tiercelin, après avoir soutenu un DEA sous la direction de Pierre Bourdieu à l’EHESS puis, sous la direction de Jacques Bouveresse, un doctorat de troisième cycle sur la philosophie de la connaissance et du langage de Charles Sanders Peirce, a poursuivi ses recherches par un doctorat d’État consacré au problème des universaux chez le même auteur. Élue Professeure au Collège de France en 2010, elle fait entrer pour la première fois le terme de « métaphysique » dans l’intitulé d’une chaire, en devenant titulaire de la chaire « Métaphysique et philosophie de la connaissance ». Membre senior honoraire de l’Institut universitaire de France, membre de l’Institut Jean Nicod, membre de l’Academia Europaea depuis 2012, Claudine Tiercelin a été élue à l’Académie des sciences morales et politiques le 4 décembre 2017.
Claudine Tiercelin sera accueillie les 15, 16 et 17 novembre pour quatre tables rondes afin de permettre au public de Citéphilo d’avoir accès aux débats les plus actuels dans le champ de la connaissance.
On trouvera nombre de ses livres et ouvrages dirigés ou co-dirigés (en anglais et en français) sur le site électronique de sa chaire « La philosophie de la connaissance au Collège de France ».
En librairie, elle a notamment publié :
- La pensée-signe : Études sur Peirce (Jacqueline Chambon, 1993)
- Hilary Putnam, l’héritage pragmatiste (Puf, 2002)
- La connaissance métaphysique (Fayard, 2011)
- Le doute en question, parades pragmatistes au défi sceptique (Éditions de l’Éclat, 2005, ré-édit.2016)
- Le ciment des choses (éditions d’Ithaque, 2011, rééd. Eliott éditions, 2023)
- Pragmatism and Vagueness (Mimesis international, 2019)
- La post-vérité ou le dégoût du vrai (Intervalles, 2023