Les publications de Judith Butler n’ont, en dépit de leur notoriété, guère été soumises, en France, à un travail d’analyse critique. Le livre de Sabine Prokhoris met fin à cette curieuse exception. Non seulement l’auteure y examine les logiques spécieuses d’une œuvre qui a su faire illusion auprès de l’Université et des médias, mais elle entend montrer en quoi, sous ses oripeaux « subversifs », la « pensée Butler » est fondamentalement autoritaire et conservatrice. Mais si elle n’hésite pas à rompre des lances avec les « docteurs graves » de la mouvance butlérienne, Sabine Prokhoris n’en reste pas à cette démarche négative, et prend la peine de produire des concepts seuls susceptibles de déjouer les impasses identitaires.