Publié le

Fiction et Vérité freudiennes ou l’histoire d’une psychanalyse en constante mutation

Ce lundi 11 novembre à 17 h au Palais des beaux art de Lille,
dans le cadre du festival Cité philo était invité Laurence Kahn pour parler de
son livre, Fictions et vérités
Freudiennes
 sous forme d’entretiens
avec Michel Enaudeau lui même présent à la Conférence . Jean François Rey
chargé de modérer la conférence l’a ouvert en faisant une bref présentation de
Laurence Kahn. Membre de l’association psychanalytique de France qu’elle a
présidé de 2008 à 2010 elle est aussi auteur de plusieurs ouvrages dont Cures d’enfance (2004) , Faire parler le
destin (2005) , l’écoute de l’analyste (2012).
Helléniste de formation
Laurence Kahn insiste sur l’idée que la psychanalyse est en perpétuel
réinvention. Loin d’être une doctrine figée comme elle souhaite le montrer dans
son livre cette science a survécu à la destruction dogmatique nazi et est
menacé aujourd’hui par une crise de légitimité.

 

« La métapsychologie est une chose compliqué mais aussi
compliqué que l’ensemble de la vie psychique »

Cette déclaration de Laurence Kahn est comme une réponses
aux nouvelles méthodes et thérapies de développement personnel et de coaching
qui font plus recours à l’empathie et qui condamne la théorie analytique. Pour
l’auteure la psychanalyse s’élabore continuellement aux flots de la parole vive
et de ce qu’elle apporte à la psychanalyse. Par exemple le concept de pulsion
est antérieur à Freud , ce dernier s’est surtout inspiré des écrits de Schiller.
De même L’histoire de la psychanalyse est surtout marqué par des ruptures à
l’image de celle de Jung et Freud dont les dissidences se sont creusés par la
trop grande prégnance du phénomène de libido dans l’explication de la névrose
humaine au sein de la doctrine freudienne.

 

« Le progrès qui fait alliance avec la barbarie »

Par cette expression Laurence Kahn reprend des  déclarations de Freud qui voit une
désolidarisation du progrès , à la vie de l’esprit avec la montée de
l’antisémitisme et l’explosion de toutes les structures internationale de
psychanalyse. La psychanalyse subit une double destruction. D’une part une
destruction physique en voyant la suppression de la psychanalyse , la naissance
de l’institut Göring et
la déportation des psychanalystes juifs . D’autre part la destruction théorique
de celle ci, par la réappropriation du vocabulaire psychanalytique dans la doxa
nazi . Le mot « pulsion » par exemple est utilisé dans Mein Kampf
pour désigner « l’instinct ». La « pulsion
d’autoconservation » comme pulsion nécessaire à la survie des fonctions
corporelles d’un individu justifierait le « Lebensraum » soit la
politique d’espace vital. En outre le droit et la loi deviennent au service
d’un « grand homme » le « Führer » que Freud avait théorisé
dans son livre Moise et le monothéisme en
faisant allusion à des hommes ayant de grandes aptitudes à la sublimation. Enfin la psychanalyse est d’autant
plus discrédité après la second guerre mondiale car elle est vue comme trop âpre
d’empathie pour guérir les victimes de la Shoah.

 

« Certains malades sont inguérissables même par les
vrais médecins »

rétorque Laurence Kahn à tous ceux qui fustige que la
psychanalyse ne guérit personne et qu’elle n’établirait que des liens hasardeux
entre des concordances. L’auteure insiste sur la distinction à faire entre le
mieux être et la guérison. Les malades vont mieux mais ne sont jamais
complètement guéri par le biais d’une médecine médicamenteuse.