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Carlo Ossola. Ces “petites” vertus qui en appellent à notre humanité

 

Elles ne font ni ne défont des empires, mais imprègnent notre quotidien de la plus belle des discrétion… Dans son dernier ouvrage Les vertus communes, l’historien, spécialiste de la littérature italienne Carlo Ossola, revient sur douze vertus imperceptibles du quotidien, qu’il nous faut plus que jamais exercer.

 

            « Les vertus
communes ».  A première vue,
l’association paraît contradictoire, et pourtant. Dans son dernier ouvrage,
Carlo Ossola revient sur douze vertus du quotidien, que les injonctions au
spectaculaire et à l’utilitarisme dans nos vies modernes, ont progressivement
éclipsé.

 

La bonhommie, la franchise, la mesure ou encore la gratitude… Si
le philologue qualifie ces vertus de « communes », c’est qu’elles sont
ordinaires, mais aussi et surtout, parce que ce sont elles qui permettent de
créer une communauté. Comme l’explique Ossola, « il n’y a pas de consortium -entendr
e, une communauté de
personnes– sans
des actes préalables de confiance
 ».
Parce qu’elles n’attendent rien en retour que leur simple expression, ces
vertus rendent donc les rapports, dans notre vie commune, profondément humains.

 

Dans
son étude, Ossola convoque les auteurs qui, avant lui, ont
célébré l’attitude pleine d’égards qui découle de ces petites vertus :
Theodor Adorno, et son ouvrage « Minima Moralia »[2], ou encore
Natalia Ginzburg, et son traité des « Petites Vertus »[3], sont
ainsi mis à l’honneur par l’écrivain qui s’en inspire, afin d’éclairer le sujet
d’une lumière nouvelle.

 

Pour Ossola donc, des vertus comme l’affabilité, la placidité ou
encore la constance, qu’on ne saurait correctement définir, sont la clé d’une
vie heureuse. Présenté sous la forme d’un petit catalogue des vertus du
quotidien, « Les vertus communes »
ne doit cependant pas
être confondu avec un ouvrage de développement personnel. Derrière ces vertus
réhabilitées par Carlo Ossola, se dessine en
réalité la communauté humaine idéale, où chacun
s’applique « quotidiennement et
collectivement, à être humain
s ».

 

Alors oui, ces vertus ne feront pas de nous des héros.
Mais dans un monde où la compétition a transformé la
vie en un acte de guerre permanent, leur stabilité doit nous rassurer. Ultimement, ce sont elles qui garantissent notre liberté et
celle des autres.

 

Plus que jamais donc, Carlo Ossola nous invite à apprécier ces
vertus discrètes du quotidien, et les infinies modalités de la bonne action qui
en découlent. Tout en n’oubliant jamais que « le négatif a ses propres
moyens pour s’imposer, il faut en faire de même avec le positif ».

 

 

1.    
« Les Vertus communes »,
de Carlo Ossola, traduit de l’italien par Lucien d’Azay, Les Belles Lettres,
102 p., 11 €

2. « Minima Moralia », de Theodor Adorno, Payot et
rivages, 368 p.

3. « Les petites vertus », de Natalia Ginzburg,
Flammarion, 224 p.