Publié le

Pour un féminisme universel par Martine Storti

Martine Storti était présente à Citéphilo dans une salle comble pour venir l’entendre présenter ses idées sur un féminisme universel. Éminente féministe depuis les débuts du MLF et engagée dans une carrière de philosophe, Martine Storti était accompagnée de Véronique Chatenay-Dolto, diplômée de l’ENS et l’ENA, pour la guider au travers de ses questions.
Le vocabulaire féministe

Martine Storti a commencé à définir les termes de l’émancipation des femmes par le mot « féminisme ». Après sa disparition au début des années 80, il est maintenant largement utilisé par les militants et aussi commercialement mais se retrouve souvent accompagné d’un adjectif. Ce sont ces mots qui servent à préciser les luttes que la philosophe a tenu à mettre en avant. Ses influences d’historienne ont rappelé que « l’intersectionnalisme » n’était pas complètement nouveau et que les activistes du MLF étaient déjà associées au groupe de Coordination des Femmes noires. En tant que philosophe, elle a expliqué le « néo-féminisme » et la catégorie globalisante qu’il était devenu. Enfin, Martine Storti plaide pour un féminisme universel et non universaliste parce que ce dernier est trop instrumentalisé et qu’elle veut reprendre un féminisme qui intègre toutes les différences.
Identité

Comme l’indique le nom de son dernier livre, Martine Storti a pour objectif de rassembler différents courants du féminisme qui semblent s’opposer. Néanmoins, son projet n’est pas de mettre fin au dialogue puisque, selon elle, les désaccords créent les débats « qui sont essentiels à la démocratie ». La philosophe souhaite seulement sortir de l’impasse créée par l’identité. Il est commun de se définir par son identité religieuse, ethnique ou nationale mais cette pensée binaire est sans fin puisque l’identité n’est pas un phénomène auquel on peut mettre fin. Ainsi, « il faut mettre à distance l’instrumentalisation de l’identité dans le féminisme ». Pour cela, Martine Storti propose de « tracer un autre chemin », c’est-à-dire de mettre l’accent sur ce qui est commun à toutes les femmes, cisgenres ou non, comme l’avortement ou la lutte contre les violences faites aux femmes. Cependant, il ne s’agit pas d’oublier que selon les différents contextes rencontrés par les féministes, la lutte ne sera pas la même.
Enjeux du féminisme
Le féminisme moderne doit faire face à plusieurs enjeux, notamment celui de la transmission. Elle appelle à utiliser différents supports et plaide pour l’écrit comme pour le format vidéo. Les changements que doit subir le féminisme pour s’adapter aux idées de Martine Storti ne sont pas évidents à entreprendre mais « le féminisme doit s’emparer de la complexité ». À cela, s’ajoute que son « féminisme du monde réel » doit permettre de voir plusieurs luttes en même temps, sans les catégoriser. Il s’agit de conjuguer les différents combats, sans les subordonner.

Les désaccords rencontrés par les féministes au sein de leur combat ne sont pas irréconciliables s’ils se recentrent sur leur objectif commun, des droits pour toutes les femmes.