Publié le

Des conceptions antiques pour comprendre le temps qui coule

Quel meilleur lieu que Lilliad du campus scientifique de Villeneuve d’Ascq pour donner une conférence sur l’histoire ? L’intervention sur Chronos et l’Occident en prise avec le temps animée par le professeur Nicolas Righi a accueilli ce mercredi 10 novembre, l’auteur et historien François Hartog.
La question de la polarisation du temps avec Chronos, Kairos et Krisis à travers l’histoire a rythmé la conférence. L’auteur explique que le rapport au temps et nos expériences se modifient et que venait au premier plan la catégorie du « présent ». En effet, selon la théorie des « régimes d’historicité », même si l’auteur précise que ce n’est « qu’un idéal type », les trois catégories fondamentales du présent, du passé et du futur s’articulent ensemble.

Une conception tripolaire du temps

François Hartog explique que « l’on n’a jamais cessé de trouver des moyens pour enserrer le temps ». Ainsi, les trois conceptions grecques Chronos, Kairos et Krisis ont influencé les civilisations et notamment celles chrétiennes. La notion du temps Chronos est celle du temps qui passe tandis que Krisis constitue une séparation du temps, enfin le Kairos correspond à un moment donné ou au moment opportun. Avec les conceptions chrétiennes, Krisis a connu une autre définition celle du jugement, sous-entendu « le jugement dernier ». De plus, les chrétiens, lorsque leur religion a été la religion de la cité, se sont emparés des anciens calendriers et les ont transformés de façon liturgique. Le temps n’était plus divisé par rapport à l’année lunaire mais en fonction des temps de prières et de fêtes religieuses. Les chronographes de l’époque ont de ce fait introduit « la chose inouïe qu’est l’incarnation » précise l’historien. On remarque qu’il y avait à cette période, une temporalisation également de la trinité : le temps du père, le temps du fils et le temps de l’esprit puisque « seul le père connait le jour et l’heure ». Les régimes d’historicités ne cessent jamais de se croiser, en effet, le régime chrétien d’historicité a toujours la possibilité de ressortir avec le « grand récit », autrement dit l’Histoire.

Quid de la polarisation du temps dans d’autres périodes

Plusieurs épisodes, notamment de l’histoire française, ont pu montrer une reconnaissance du temps Chronos dans le « régime moderne ». François Hartog évoque par exemple, la Révolution française qui, avec l’idée des calendriers révolutionnaires, invente une nouvelle découpe du temps. Les trois concepts Chronos, Kairos et Krisis sont toujours présents même si leur fonctionnement n’est plus le même. De plus, lors de la première guerre mondiale, une « floraison de références apocalyptiques apparait » . L’intervenant souligne néanmoins que ce sont des représentations « apocalyptiques négatives ». Cette mobilisation négative ne symbolise pas la résurrection des morts mais bien l’effondrement de tout.

La conférence s’est terminée par un temps d’échange où la pandémie a pu être abordée en montrant qu