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Le choix du Néo-libéralisme : lorsque la souveraineté populaire est redoutée

Ce jeudi 11 novembre se déroulait une conférence sur l’ouvrage Le choix de la guerre civile, une autre histoire du néo-libéralisme, programme d’action et de transformations sociales. Étaient présents dans l’auditorium du Palais des Beaux-Arts les co-auteurs Christian Laval, professeur de sociologie émérite, Pierre Dardot, philosophe et universitaire français ainsi que Pierre Sauvêtre, maître de conférence en sociologie. Nous regrettons l’absence de Haud Guéguan, également co-auteure du livre. Cette séance fut présidée par Alain Lhomme, professeur honoraire de philosophie, qui a discuté des concepts abordés dans cet ouvrage collectif rendu possible par l’implication de 10 chercheurs du GENA (Groupe d’études du néolibéralisme et des alternatives).

Un ordre économique spécifique source du néo-libéralisme

Ce concept, introduit dès les années 1930, va à l’encontre d’un Etat faible se soumettant aux intérêts individuels du peuple. C’est ainsi qu’une « autre histoire » du néo-libéralisme émerge : plus qu’une étude académique, c’est une approche stratégique doctrinale. Dès-lors, la théorisation d’un Etat fort en tant qu’objectif politique contrarie les questions socialistes, communistes et syndicalistes. Friedrich Hayek légitime cette notion, déterminant l’Etat comme seul régulateur possible des grandes crises sociétales.
La primauté d’un régime néo-libéral réside dans le concept prégnant de l’économie de marché. La subsidiarité de l’Etat dans son rapport au privé et au marché est d’ailleurs centrale dans la Constitution chilienne de 1980. Se démocratisant, certains pays adoptent la stratégie d’un Etat hyper-interventionniste moderne dans de nombreuses démocraties Occidentales mais aussi plus conservateur, à l’image de l’exercice du pouvoir par Trump. Le changement primaire, c’est la non exclusion des violences intra-étatiques qui restent provisoires cependant. Alors quand l’ordre du marché s’impose au peuple, la fabrication des ennemis s’impose comme inévitable au regard de la théorie Foucaldienne observant une restructuration de la société avec l’apparition de camps nouveaux.

En France, quelles conséquences sur le clivage politique ?

La lutte des classes n’est plus, car une lutte en leur sein émerge. Et lorsqu’un collectif ne s’allie pas mais se subdivise, c’est une source à la guerre civile culturelle. En effet, l’hégémonie des systèmes néo-libéraux reposent sur l’homogénéité de la culture permettant l’économie de marché. Les partis d’extrême droite s’appuient sur cette analyse en justifiant les politiques anti-migratoires.
De gauche à droite : Christophe Laval, Pierre Sauvêtre, Alain Lhomme et Pierre Dardot.
Enrôlées dans l’analyse néo-libérale de la société, les classes populaires sont subdivisées par l’omnipotence du pouvoir délégué aux forces armées, aux médias. Domaines imprenables de la démocratie, ces nouveaux enjeux affaiblissent le corps populaire et donc de potentielles contestations réactionnaires. Rempart à la souveraineté populaire, la démophobie dégagée par cette notion est surtout reprochée à la gauche, dont certains accusent d’occulter les questions sociales au profit d’enjeux économiques.