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Les possibilités de la fiction par Pierre Cassou-Noguès

Samedi 13 novembre, Pierre Cassou-Noguès, professeur de philosophie à l’Université Paris 8, était l’invité d’Alexandre Bilion pour une conférence sur les possibilités de la fiction au service de la philosophie. Il est l’auteur de Virusland (2020), ou encore Technofictions (2019).

I – Rapport entre philosophie et fiction

La philosophie a constamment recours à la fiction. Platon, avec l’allégorie de la caverne, ou encore Hobbes, avec Le Léviathan, utilisent la fiction pour représenter et « voir » ce qu’il pourrait se passer, ce qu’il pourrait arriver. Descartes a lui aussi recours à la fiction avec son hypothèse du Malin génie. On remarque que certains de ces scénarios sont très proches de la science-fiction, voire parfois inspirés de celle-ci, comme le fait Descartes pour Le Malin génie. Dans son œuvre, Pierre Cassou-Noguès radicalise ce rapprochement entre la fiction et la philosophie. Là où d’autres se contentent d’ébauches de scénarios imaginatifs, l’auteur de Virusland rédige d’authentiques fictions. Ces fictions ont une autre particularité, elles inversent le rapport entre considérations théoriques et fiction, la théorie occupant en général beaucoup plus d’espace que les scénarios imaginatifs. Pierre Cassou-Noguès affirme que les possibilités de la fiction et les possibilités pertinentes se recoupent.


II – L’exemple de l’homme invisible

La représentation du mythe de l’homme invisible dans la littérature est le meilleur exemple pour illustrer le rapport entre ces deux domaines. Ce qui est pourtant une aberration scientifique, de l’homme invisible mais doté de la vue, est très présent dans la littérature et y fait sens dans ce domaine de la fiction comme dans notre imagination. Si nous prenons l’exemple d’une fiction autour d’un homme intangible, au contraire aucune représentation dans la littérature n’en a été faite parce que dans notre imagination, ce scénario est impossible. Ainsi, ces exemples fictionnels illustrent les différentes propriétés entre la vue et le toucher qui s’établissent dans notre imagination et pourtant pas dans la réalité ni dans la science.

III – Limites de la fiction

Une autre question se pose par rapport au rôle de la fiction dans la philosophie, celle des limites fixées dans ce que l’on appelle une fiction. La philosophie est attachée au possible qui s’ouvre dans la fiction, mais pas forcément dans toutes les fictions. Le but n’est pas de savoir si une fiction est réussie ou non, mais de savoir si cette fiction fonctionne ou si elle ne fonctionne pas. Celle qui fonctionne ouvre le domaine du possible, attaché au domaine de la philosophie, sur des questions qui ne peuvent pas être éclairées par la science ou la réalité, comme un voyage dans le temps, ou encore l’exemple de l’homme invisible.