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Monique David-Ménard : Le vivant dans l’inanimé, l’animisme dans les objets

Ce dimanche 13 novembre, le Théâtre de la Verrière accueillait une conférence Cité Philo présentée par Monique David-Ménard, venue présenter son dernier ouvrage: La vie sociale des choses; l’animisme et les objets, question très spéciale pour une édition basée sur le vivant.

L’identification aux objets: une affaire aussi anthropologique que psychanalytique.

Monique David-Ménard présente sa réflexion comme une articulation de ses travaux en philosophie, en psychanalyse et en anthropologie.

En prenant la pensée de Godelier, elle explique que l’on donne corps aux objets par des rites, ces derniers matérialisant des hiérarchies. Effectivement, les objets ne sont pas que valeur marchande, ils peuvent paraitre « pauvre » tout en cachant une réelle sanctification du pouvoir. Chez les Brauyas, ce sont là des objets de la nature, qui ont une dimension sacrée, que l’on sort lors de rites de passages: des objets longs de pierre, avec une dent de cochon et d’autres objets similaires. C’est une condensation des mythes, racontant l’histoire de ces tribus. Aujourd’hui, le rapport aux objets garde cette même matérialisation des souvenirs et des usages dans, par exemple, l’héritage. Mais il peut aussi, à l’inverse, en suivant la pensée de Freud, se matérialiser par une articulation de circonstances, comme si l’objet « vide » allait être ensuite formé comme « objet animé » par notre psyché: c’est l’animisme. Elle définit l’objet en psychanalyse comme « ce qu’il y a de plus irregardable dans le pulsionnel, et qui n’apparait pas dans le discours, qui condense une problématique »

L’objet comme facteur politique

« Les choses, même inanimées, sont porteuses de rapports et de conflits sociaux. »

Monique David-Ménard nous invite à regarder du côté des travaux de Marx et d’Hegel, et à voir la société non pas par le prisme de l’individu, mais par celui de l’objet. Le droit de propriété caractérise notre volonté de s’identifier aux choses, et cristallisent certains enjeux sociaux. En effet, comme vu auparavant, l’objet est l’endroit ou convergent les rapports sociaux, dans un sens pur: il n’est pas abstrait comme nous concevons la marchandise dans nos rapports.

Il est aussi au coeur de situations, car il fait office de médiateur ou encore de surdéterminant dans des processus: il est un engrenage du changement.

Monique David-Ménard nous démontre au sein de son intervention que c’est une question qui a toute sa place dans la réflexion du vivant, et que, les objets abritent eux-mêmes l’invisible par leur matérialisation. La philosophe pluridisciplinaire fermera son entretien en plaçant le vivant au coeur de l’objet: pour les indigènes, l’âme est une entité se trouvant partout, seul les corps sont changeants. Chaque chose abrite en son sein une multitude d’expériences, créant l’animisme.

Loriane Chanard