Publié le

Quand Maxime Rovère éclaire L’Ethique de Spinoza.

Ce dimanche 14 novembre, une atmosphère spinoziste régnait dans l’Auditorium du Palais des Beaux-Arts. Lors d’une conférence portant sur l’Ethique orchestrée par Joël Ganault, dans le cadre du festival Citéphilo, Maxime Rovère a présenté son ouvrage « Le clan Spinoza. Amsterdam, 1677 ».


            Il s’agit d’une œuvre avant tout collective et d’un « mélange des trois éditions majeures » dit Maxime Rovere, faisant référence à des traductions de l’Ethique publiées ultérieurement par de grands traducteurs. Selon lui, la traduction permet ici de soulever le monde des images propre à Spinoza et de comprendre plus fluidement son œuvre capitale. A travers des commentaires de textes précis et des choix de termes affinés, cette édition guide le lecteur et illumine sa lecture de l’Ethique, texte considéré comme l’un des plus difficiles de la philosophie d’après Maxime Rovere.

Une démystification de la figure de Spinoza

               Au-delà de présenter le fruit de ce projet commun, l’écrivain français déconstruit les préjugés sur la vie du philosophe rationaliste. Pour ce faire, celui-ci insiste sur un point majeur : l’Ethique est une œuvre collective. Et de façon plus générale, l’on apprend que la figure elle-même de Spinoza est un collectif en soi. Bannissez l’illusoire image du philosophe solitaire car en réalité, il est « un groupe » précise Maxime Rovere. Derrière ce nom, existent des amis, des médecins, des membres familiaux, à qui Spinoza envoie ses travaux. Dès lors, il en reçoit des objections, des propositions, des relectures, auxquelles il prête grandement attention, rendant ses œuvres véritablement communautaires. En ce sens, la « pensée est collective », selon Maxime Rovere. Par ailleurs, Spinoza vivait d’un héritage conséquent et du patrimoine de ses compères qui finançaient donc les œuvres qu’il rédigeait. 

Un projet humaniste

Si l’Ethique possède une postériorité telle, c’est pour une raison fondamentale dans la mesure où il porte un projet permettant à l’homme d’atteindre la béatitude et transformant la façon dont il désire et aime. La démarche de Spinoza vise à transformer le cœur, vu comme l’élément majeur de tout homme, car l’on est « rationnels avec le cœur » explique Maxime Rovere. Par son déterminisme et sa vision mécanique, le philosophe néerlandais nous lance, au travers de son œuvre, dans une entreprise intime et intrinsèque redéfinissant nos affects, terme majeur du lexique spinoziste. L’invité de cette conférence insiste également sur le fait que l’Ethique est un livre écrit avec complexité, mais reposant sur des « mécanismes simples » qu’en réalité nous comprenons de façon instinctive.

Sofiane Descamps