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Comment sauver nos enfants des écrans ?

La conférence sur le livre Faites les lire ! Pour en finir avec le crétin digital aux éditions Seuil s’est tenue à la médiathèque Jean-Levy le dimanche 5 novembre. Ce livre au titre provocant nous révèle le résultat d’études neuroscientifiques sur les réactions des enfants aux écrans et à la lecture. Michel Desmurget, Directeur des recherches à l’INSERM et neuroscientifique étudiant notamment la plasticité du cerveau dans le cadre des pathologies lentes nous propose un ouvrage éclairant sur les bienfaits étudiés de la lecture. Il est également l’auteur de TV Lobotomie (Ed. Max Milo, 2012), L’Anti-régime (Ed. Belin Éditeur, 2015) et La fabriquedu crétin digital (Ed. Seuil 2023).

Les dégâts avérés des écrans

Bien que le cœur du sujet soit les bienfaits de la lecture, le propos est indissociable des précédents ouvrages de M. Desmurget sur les effets néfastes des écrans. Faites-les lire ! peut être considéré comme une réponse à la problématique « que faire pour contrer les dégâts causés par les écrans sur l’enfant ?».

M. Desmurget s’indigne de la visibilité médiatique accordé aux lobbyistes du petit écran. Ce neuroscientifique n’admet pas que l’on mette sur le même plan des dizaines d’études scientifiques face à une personne avec un discours qui n’est pas corroboré par des recherches sérieuses. Les écrans ont un impact néfaste en soi en plus d’inciter à la consommation d’un contenu abrutissant, c’est ce que les études nous apprennent. L’argument répandu selon lequel les jeunes liraient plus sur leur écran est galvaudé. Bien qu’internet donne accès à de nombreuses ressources intéressantes et pourrait encourager à la lecture, cette dernière ne représente en réalité que 2 à 3% du temps d’écran. Cette stimulation continue sur les écrans représente un bombardement sensoriel pour l’enfant, ce qui mène à de l’impulsivité, une perte d’attention et des difficultés dans l’apprentissage. Ces symptômes se retrouvent dans les études menées sur des humains mais aussi des souris, ce qui a permis d’éliminer de nombreux facteurs externes et donc de cibler l’effet des écrans. Ce temps passé sur les écrans grignote du temps de vie, bien souvent il empiétera sur le temps de sommeil ou les interactions intrafamiliales pourtant essentielles au développement émotionnel et langagier. Cette lacune de développement n’est pas négligeable, les seules études affirmant que l’impact des écrans est mineur dans le développement de l’enfant ne prennent pas en compte le sommeil ou les interactions verbales, elles sont donc incomplètes. Ce problème d’abord familial est aujourd’hui sociétal, il est aujourd’hui pris en compte par certains États. A Taiwan, exposer trop longtemps ses enfants à des écrans est considéré comme de la maltraitance. Michel Desmurget ne dénonce pas seulement la surexposition aux écrans mais aussi la volonté d’entreprises comme Meta de manipuler les enfants afin de les rendre accrocs aux réseaux sociaux.

Les bienfaits indéniables de la lecture

Alors que faire ? De nombreuses activités sont reconnues comme bénéfiques pour le développement de l’enfant : Le sport, l’art, les échecs, la musique ou encore le jeu symbolique. Mais aucune n’est aussi efficace que la lecture.

Dans les années 80, la portion de gros lecteurs était d’environ 35%. Le terme « Gros lecteur » désigne une personne lisant 20 livres par an, ce qui représente 20 à 30 minutes de lecture par jour. Aujourd’hui nous en comptons 10%. Cela se traduit par une baisse des compétences langagières remarquable notamment dans les études PISA. Ce fait se décline dans toutes les domaines, nous constatons un effondrement de la richesse du discours politique mais aussi des productions artistiques. Cet affaiblissement du corpus langagier mène à des problèmes de compréhension. Ces problèmes de compréhension et difficultés dans la pratique du langage sont mis en relation avec la baisse d’empathie et la montée du narcissisme depuis les années 80.

Michel Desmurget met en lumière la corrélation entre baisse du niveau langagier, baisse du niveau de lecture et baisse du niveau orthographique.

Comment muscler ces capacités ? La lecture ! Mais attention, nous préfèrerons la lecture de livres physiques, bien que les livres audio et les liseuses ne soient pas dénués de tout intérêt, l’ouvrage physique les surpasse à tous les niveaux. En effet, alors que la langue orale est utilitaire, l’histoire écrite permet la compréhension du cheminement mental des personnages, en lisant, nous éprouvons nous-mêmes les émotions, ce qui développe notre empathie et notre intelligence émotionnelle et sociale.

Nous retrouvons dans le texte écrit une grammaire précise, le passé simple, la forme passive ; des éléments que nous retrouvons peu à l’oral.

Enfin le neuroscientifique nous liste tous les bienfaits de la lecture, en voici quelques-uns :

Augmentation du QI, augmentation de la culture générale, amélioration de la créativité, meilleure organisation des pensées et hiérarchisation de l’information, développement des compétences écrites et orales et développement de la grammaire, du lexique, de l’empathie et de l’intelligence sociale.

Pour toutes ces raisons nous ne vous le diront jamais assez : Faites-les lire !

Jade Ceni