Notre présent marqué par une désorientation croissante devient de plus en plus difficile à déchiffrer. La pandémie qui nous confine et nous éloigne les uns des autres y contribue certainement, mais elle n’est pas seule en cause. Entre un passé souvent idéalisé et un futur préempté par des futurologues en proie à la collapsologie, la raison, prise de vertige, peine à se frayer un chemin. Or il semble plus que jamais nécessaire de pouvoir penser l’écart entre des « futurs passés » et des « nécessités contingentes », non pas de façon spéculative, mais en combinant d’une manière toujours singulière la mémoire et l’analyse. Tel est, à la lecture des deux premiers tomes de ses Écrits, le geste philosophique auquel nous invite Étienne Balibar.