« Je veux me battre partout où il y a de la vie » : le combat inépuisable de Clara Zetkin
Mercredi
24 Octobre s’est tenue, à la Médiathèque Jean Lévy de Lille, une
conférence sur la vie mêlée au combat de Clara Zetkin. Cette rencontre
était animée par les autrices Geneviève Brisac et Florence Hervé avec
comme base d’échange l’ouvrage de cette dernière « Je veux me battre
partout où il y a de la vie : textes de et sur Clara Zetkin ». Un
recueil de ses écrits révolutionnaires qui font encore écho à la lutte
féministe moderne.
Le
slogan « Le féminisme sans lutte des classes c’est du développement
personnel » résonne depuis de nombreuses années dans les cortèges
féministes.
Un écho initié par Clara Zetkin (1857-1933) une figure emblématique du
féminisme révolutionnaire qui a dédié sa vie à ce combat. Dans les
années 1970, Florence Hervé, jeune mère de famille, s’installe en
Allemagne dans une société patriarcale où les femmes ont comme carcan
Église, cuisine et enfants. Elle s’engage alors dans un groupe de femmes
et tombe, lors de recherches, sur les textes de Zetkin. Elle se reconnaît en elle et l’admire, elle qui n’a
jamais cessé de lutter pour l’égalité des femmes : « je ne voulais plus
être la femme de ni la mère de » nous dit l’autrice. Pourtant issues de
deux générations distinctes Florence découvre Clara qui devient pour
elle une puissante source d’inspiration: « Cette femme est arrivée à
faire tellement de choses. Elle connaissait pourtant bien la double
journée mais elle s’est quand même engagée dans la lutte socialiste et
féministe ». Florence étudie tout d’elle : ses textes, son parcours mais
aussi ses engagements politiques pour proposer « un livre digne de
Clara Zetkin » dit-elle.
Issue
d’une famille allemande bourgeoise, Clara Zetkin rompt avec sa famille
par amour pour un menuisier russe socialiste. Après son exil en France
elle retourne en Allemagne en 1890 à la levée des lois antisocialistes
et s’engage dans le parti social-démocrate. Elle y organise des réunions
non-mixtes pour donner exclusivement la parole aux femmes à une époque
où elles n’avaient guère voix au chapitre. Cette période marque le début
de son aventure politique. Ses nombreux discours féministes raisonnent
en Allemagne si bien que l’Empereur allemand Guillaume II la
surnomment : « La sorcière la plus dangereuse du Reich ».
Un 8 Mars pas comme les autres…
La
seconde édition de l’Internationale socialiste des femmes est organisée
et présidée par Clara Zetkin à Copenhague en 1910, afin de rallier la
lutte des femmes à celle des socialistes.
Elle
annonce lors d’un discours que « la journée des femmes sera
internationale » puis, propose alors d’instaurer une journée
internationale du droit des femmes en mars qui sera largement acceptée
par les membres du congrès. Aucune date précise ne sera fixée et ce,
pendant les sept années suivant cette conférence.
Le
8 Mars 1917 (calendrier grégorien), à Petrograd, deux manifestations se
déroulent séparément : d’un côté, les ouvriers engageant une importante
grève syndicale, de l’autre, les féministes réclamant le droit de vote.
Ces deux luttes se conjuguent et marquent le début de la Révolution
russe. C’est ainsi que le combat contre le patriarcat s’associe à celui
contre le capitalisme.
Mise
sur un piédestal en Allemagne de l’Est, détestée à l’Ouest, Clara
Zetkin fera l’objet de nombreuses calomnies, puis d’une mentrification.
Geneviève Brisac conclut « comme toutes les autres femmes célèbres
finalement ».