L’existence et sa représentation dans les arts, une question intemporelle
Dans une ambiance intimiste au cœur de la librairie Meura, André Hirt et Olivier Koettlitz nous parlent philosophie, littérature et musique autour de la question de l’existence.
Nous sommes un peu serrés, ce lundi 14 novembre, dans la librairie Meura. Une trentaine de personnes est présente pour écouter parler André Hirt. Ancien professeur de philosophie en classe préparatoire, il a longtemps mené une “double vie”, en publiant très régulièrement des ouvrages pendant son temps libre.
Depuis qu’il a pris sa retraite, André Hirt ne veut plus faire de “travail d’érudition”, et s’autorise à être beaucoup plus libre dans ses écrits. En parallèle, il nourrit également son site, “Muzibao”, de critiques et réflexions musicales.
Entre Flaubert et Beethoven, Thomas Mann et Hegel, André Hirt nous emmène pendant près de deux heures sur les eaux tumultueuses qui lient la philosophie et les arts.
Le désir de l’absolu
Gustave Flaubert est, pour André Hirt, l’exemple parfait de la recherche de la perfection, le désir insatiable de l’absolu.
Ce désir est, par essence, impossible à atteindre, mais aussi impossible à déraciner. “Il faut faire avec, mais nombreux sont les philosophes qui ont été emportés, pour finir par flamber” explique l’auteur. Il cite quelques noms tels qu’Antonin Artaud, ou bien Spinoza, qui ont été victimes de cette quête de l’absolu.
André Hirt partage une conception freudienne selon laquelle la vie n’aurait pas de sens. Comme Emma Bovary dans ses rêveries, c’est à nous de donner un sens à notre existence en lui conférant une direction. Certains personnages Flaubertiens comme Emma rêvent, la folie de Félicité nous bouleverse par une humanité frappante. Dans cette littérature, le langage disparaît et se tourne vers l’image, comme la contemplation d’un tableau. Ce n’est pas la quête de la signification ici qui prime mais celle de donner sens à notre existence.
L’humanité et l’Homme
“Être humain n’est pas une propriété de l’Homme” – une phrase qui, André Hirt l’admet, peut choquer. L’humanité définit un type de rapport aux êtres, l’attention portée aux choses. C’est la douceur, sans pathos; c’est la délicatesse, le tact dont on fait preuve, sans arrière-pensée. Être humain concerne absolument tout, et ce qui n’est pas un Homme peut tout aussi bien être humain.
Selon M. Hirt, c’est dans la musique que l’on trouve l’expression la plus pure de cette douceur – car, quoi de plus émotionnellement puissant, de plus profond qu’une chanson? Ce qui importe avant tout, c’est ce que la musique nous fait ressentir, à un niveau presque primaire. Il y a toute une dimension existentielle dans la musique, une profondeur difficilement explicable en mots – et c’est précisément ce qu’André Hirt tente de faire au quotidien.
Clémence Bailliard et Léa Dutertre