Jean-Christophe Bailly

Jean-Christophe Bailly, écrivain, est l’auteur de plus d’une soixantaine de livres, auxquels il convient d’ajouter de nombreuses monographies d’artistes peintres ou de photographes ainsi que des dizaines de préfaces à des catalogues d’art. Ce n’est cependant pas la quantité qui fait œuvre, mais ce champ étonnamment unifié entre poésie, critique, essais, théâtre et arts plastiques. Ayant fait le choix de s’affranchir de la définition trop stricte des disciplines académiques, il est une figure de la pensée et de la littérature contemporaines qui entre particulièrement en résonance avec les principes d’une philosophie au sens large.

L’un de ses premiers ouvrages, écrit en 1974, a pour titre La Légende dispersée (publié chez Christian Bourgois). Déterminante à bien des égards, cette anthologie du romantisme allemand est l’expression d’un « absolu littéraire » où l’art du fragment côtoie l’esprit encyclopédique. Jean-Christophe Bailly y souligne l’évitement d’un double écueil : « d’un côté la spécialisation s’enfonçant sous elle-même en un tunnel sans fin, et de l’autre l’ignorance se prenant pour le non-savoir » et donne par là même la tonalité de fond qui sera celle de son œuvre à venir, entre richesse du réel et travail sans fin de son expression poétique.

Face au langage et à ses pouvoirs descriptifs, normatifs, fictionnels, il est un art de silence et de soudaineté, un rapport sidérant au temps et surtout à l’instant : celui de la photographie. Jean-Christophe Bailly lui a consacré de nombreux livres, y voyant, notamment, un art de la notation du monde, un autre versant de l’écriture, fait de lumière et de suspension. Il nous proposera quelques photographies qui cristallisent ce que cet art a de déterminant.

Habiter pourrait être le nom d’une articulation majeure. Celle où le langage et la ville se croisent, où les animaux partagent avec nous le mystère d’une organisation territoriale. Cette triangulation entre langage, monde animal et mode d’habitation décrit ces manières d’être auxquelles s’attache tout observateur du vivant.

Le seul écrit explicitement académique de Jean-Christophe Bailly, Le Champ mimétique (Seuil, 2005) constitue un livre princeps où non seulement est décryptée la naissance de l’espace de la représentation, mais où s’exprime aussi l’assise la plus théorique que l’écrivain ait consacrée à son travail poétique et esthétique. L’atelier infini : 30 000 ans de peinture (Hazan, 2007) le prolonge en observant et soulignant, depuis les premières représentations pariétales jusqu’à la peinture contemporaine, les constantes d’ouverture et de saisie de la représentation picturale.

Ce sont là quatre thématiques comme autant de points de passage pour parcourir une œuvre riche et multiforme. Les rencontres ont lieu les 14, 15 et 16 novembre.