Maison du Théâtre
8 rue des Majots80000 Amiens
Affects et croyances. Finance, économie, politique
La rencontre a été enregistrée
Que la politique soit en proie aux « passions », tout le monde l’accordera. Autrement malaisé serait de faire entendre qu’elle ne connaît que cela, que les affects sont son étoffe même. La politique n’est-elle pas aussi affaire d’idées et d’arguments, protestera-t-on, et les « passions » que distorsion de cet idéal d’une politique discursive rationnelle ?
Spinoza bouscule ces fausses évidences. En soustrayant la catégorie d’« affect » à ses usages de sens commun – les « émotions » – il en fait le concept plus général de l’effet que les hommes produisent les uns sur les autres : ils s’affectent mutuellement. Il n’y a alors plus aucune contradiction entre les « idées » et les affects. On émet bien des idées pour faire quelque chose à quelqu’un – pour l’affecter. Et, réciproquement, les idées, spécialement les idées politiques, ne nous font quelque chose que si elles sont accompagnées d’affects. Autrement, elles nous laissent indifférents. La politique, idées comprises, n’est-elle pas un grand jeu d’affects collectifs ?
En présence de
Frédéric Lordon
philosophe, économiste, directeur de recherches au CNRS, membre du collectif des Economistes Atterrés
- On achève bien les Grecs : chroniques de l'Euro 2015 (Les liens qui libèrent), 2015
- Imperium : structures et affects des corps politiques (La Fabrique), 2015
- La Société des affects : pour un structuralisme des passions (Seuil), 2013
- La condition anarchique (Seuil), 2019
- Capitalisme, désir et servitude (La Fabrique), 2010
- Figures du communisme (La fabrique), 2021
- Vivre sans ? Institutions, police, travail, argent... (La Fabrique), 2019
Modérateur :
André Orlean
économiste, directeur d’études à l’EHESS
- L'Empire de la valeur (Seuil), 2011
- De l'euphorie à la panique : Penser la crise financière (Editions de la rue d'Ulm), 2009
- Le Pouvoir de la finance (Odile Jacob), 1999