De l’écriture, Bernard Stiegler, à la suite des travaux de Sylvain Auroux, a pu dire qu’elle était une technologie de l’esprit. Quel rapport y-a-t-il entre le geste d’écrire et le développement des techniques jusqu’à leur devenir technologique ? Pour y répondre, Michel Guérin mobilise le cadre conceptuel qu’il avait élaboré dans sa Philosophie du geste. L’écriture fait apparaître plus encore que dans la technique, l’alliance du faire et du laisser, un geste acté comportant une certaine dose de passivité. A l’inverse des frappes ou des coupes qui donnent lieu à des actions mécaniquement nettes, les tactiques tant manuelles que mentales qui illustrent l’art de poser, placer, tenir, manifestent une certaine ambiguïté dont on dira qu’elle fait, qu’elle est, leur style.