« Entre 1939 et 1945, plus de 40 000 internés sont morts de faim dans les hôpitaux psychiatriques français. Un seul lieu échappe à cette hécatombe, l’asile d’un village isolé du centre de la France : Saint-Alban-sur-Limagnole. Que s’est-il passé, ici et nulle part ailleurs, qui ait fait exception ? La réponse se trouve peut-être dans ces quelques heures de films amateurs que j’ai par hasard retrouvés et qui, surgissant du passé, viennent témoigner des mille et une inventions quotidiennes d’un lieu de résistances. »
François Tosquelles (1912-1994), né en Catalogne, a reçu une éducation libertaire qu’il mettra toute sa vie en œuvre dans les dispositifs et établissements psychiatriques où il est intervenu : à Barcelone, pendant la guerre civile espagnole, puis à Saint-Alban en France. Il a profondément marqué de son empreinte la psychiatrie française, après le désastre des 45000 morts de faim dans les asiles français durant l’occupation allemande. Il était convaincu que « sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, c’est l’homme même qui disparait. » A l’heure où, en France, la psychiatrie est sinistrée, il est bon de rappeler que Tosquelles voulait susciter une « psychiatrie à fondement humain et d’expression sociale. »