Vassilis Alexakis, de l’enquête journalistique à la quête romanesque
La conférence de mardi 23 novembre était une rencontre-hommage à Vassilis Alexakis et son œuvre. L’écrivain franco-grec est décédé le 11 janvier dernier, à Athènes.
Journaliste au Monde, à La Croix et à France Culture, c’est surtout en tant qu’écrivain que Vassilis Alexakis s’est fait connaître. Il est récompensé par de nombreux prix littéraires, dont le prix Médicis en 1995 et le grand prix du roman de l’Académie française en 2007. Auteur d’une vingtaine de romans, il a écrit à la fois en français et en grec, sa langue maternelle.
Lille, un lieu symbolique du parcours de vie de Vassilis Alexakis
Le choix de l’École Supérieure de Journalisme de Lille comme lieu pour cette conférence n'est pas anodin. En 1961, Vassilis Alexakis quitte la Grèce pour suivre des études de journalisme à l’ESJ Lille.
Épaulés par les Lillois présents dans la salle, les conférenciers reviennent sur les lieux qui ont marqué le passage de l’écrivain à Lille. On peut citer entre autres l’École de Journalisme, à l’époque située boulevard Vauban, ou le lycée des Jésuites où il a travaillé comme surveillant, aujourd’hui renommé lycée Saint Paul.
La ville de Lille a marqué l’auteur. Il en parle dans plusieurs reprises dans ses romans. Toutefois Vassilis Alexakis n’y a pas été très heureux. Il a fait l’expérience du froid du Nord, de la solitude et du sentiment d’exil qui ne l’a jamais vraiment quitté.
Un continuum va-et-vient du grec au français
Ce qui est particulièrement singulier chez Vassilis Alexakis – et qu’on retrouve chez peu d’autres écrivains – c’est ce passage récurent d’une langue à l’autre. Son œuvre est partagée entre deux pays et deux cultures : selon les thèmes de ses livres, il choisit la langue la plus adaptée. Puis, se traduit lui-même.
Vassilis Alexakis vivait entre Paris, Athènes et l’île de Tinos en Grèce. On apprend au détour d’une anecdote de Bernard Alavoine qu’il possédait six machines à écrire : deux à Paris, deux à Athènes, deux à Tinos. Chaque duo étant composé d’une machine avec un alphabet grec et d’une autre pour taper en français.
De l’écriture journalistique à l’écriture romanesque
Comme point de départ de chaque roman de Vassilis Alexakis, il y a l’enquête. L’enquête qu’il réalise méthodiquement avant d’écrire, l’enquête à laquelle participe ses personnages, mais aussi et surtout, il y a la quête. Une quête autobiographique de réponses, pour combler un manque des être aimés, du pays quitté et de sa langue maternelle.
Quand il prépare un nouveau roman, Vassilis Alexakis procède à une rigoureuse documentation. Le sérieux de ses recherches témoigne d’un savoir-faire journalistique. À partir du matériau recueilli, il ne fait pas un reportage, ni un travaille de chercheur, mais bien un roman.
Pour celles et ceux qui souhaitent se lancer dans la quête Alexakis, Bernard Alavoine et Véronique Chatenay-Dolto conseillent trois romans : Paris-Athènes, Le cœur de Marguerite et L’enfant grec ; des portes d’entrées dans l’univers si particulier de l’écrivain.