“You can defeat an army, but never a woman” :
L’engagement des femmes ukrainiennes dans la guerre
Ce vendredi 17 novembre s’est tenue à la Médiathèque Jean Lévy une table ronde, particulièrement poignante, au cours de laquelle Tetyana Ogarkova et Valentyna Diachuk, accompagnées de Véronique Nahoum-Grappe et Laure Mandeville, ont apporté leur expérience et leur éclairage d’universitaire sur la question du rôle des femmes ukrainiennes dans la guerre. Pendant une heure et demie, la salle a donc été plongée dans l’histoire, à la fois tragique et héroïque, de ces « amazones ukrainiennes ».
Retour sur les femmes combattantes au cours de l’histoire
Cette discussion a d’abord été l’occasion de rappeler au public toutes ces femmes combattantes dont l’histoire a été invisibilisée. En effet, il tenait à cœur de V. Diachuk de rappeler que bon nombre de femmes sont intervenues dans de nombreux conflits au cours de l’histoire : des femmes Sarmates en passant par Boadicée, Fu Hao, Tomoe Gozen ou encore Jeanne d’Arc ou les femmes cosaques. Le point commun de toutes ces figures, c’est qu’elles n’ont pas hésité à prendre les armes lorsque leur nation était menacée. La force des femmes, nous rappelle V. Diachuk, c’est qu’elles sont prêtes à tout pour défendre la vie de leurs enfants et leur maison, ce qui les rend particulièrement inventives. C’est d’ailleurs dans cette force intérieure que puisent les femmes ukrainiennes pour faire face à cette guerre.
L’expérience des Ukrainiennes dans la guerre
L’engagement de ces femmes est total et multiple. En effet, de nombreuses Ukrainiennes ont choisi de prendre les armes. Qu’elles soient snipers, infirmières, ou membres de renseignements aériens, nombre d’Ukrainiennes n’ont pas hésité à s’engager dans l’armée afin de lutter contre l’ennemi russe.
Toutefois, l’engagement des femmes ne s’arrête pas à l’engagement militaire. En effet, 8 millions de personnes ont quitté le pays, principalement des femmes, femmes qui vivent dans l’angoisse de ce qui peut se passer au front, qui portent à bout de bras des familles brisées et qui permettent à ces familles de continuer à vivre, aux enfants de continuer de recevoir une éducation et qui leur offrent des perspectives d’avenir.
En outre, un second rôle essentiel leur est attribué, celui du témoignage et de l’entretien de la mémoire. En effet, les femmes racontent, elles racontent leur expérience, la violence, elles apportent des photos, et partagent toutes les histoires tragiques, héroïques et émouvantes faisant désormais partie de l’histoire de la nation ukrainienne.
Une guerre viriliste
Finalement, l’ultime point abordé lors de cette table ronde est celui de la spécificité de cette guerre, à savoir son caractère viriliste. En effet, si la guerre est socialement une affaire d’hommes dont les codes sont masculinistes, V. Nahoum-Grappe analyse cette guerre comme étant une opposition entre d’un côté la Russie, usant d’une rhétorique masculiniste qui survalorise la figure de l’homme guerrier face à une Ukraine qui revêt davantage une image féminine. La Russie n’hésite pas à user du lexique du corps et de la sexualité, et même la violence sexuelle, extrêmement présente, et participant à cette volonté d’assimilation.
Cependant, face à cette violence, elles ne perdent pas espoir. Pour elles, la seule solution possible pour y mettre fin, c’est la mise en place d’un tribunal international sanctionnant la Russie pour ses actes.
Fournier Eve