Le paradigme de John Dewey peut-il nous amener à repenser l’école ?, par Joëlle Zask
Dans le cadre de Citéphilo, une série d’interviews est proposée
 par Adèle Van Reeth dans Les chemins de la philosophie sur France Culture.
Joëlle Zask répond à la problématique : La démocratie peut-elle
 s’apprendre à l’école ?
John Dewey est un philosophe connu pour ses travaux autour de
 l’éducation et de la démocratie. Joëlle
 Zask, enseignante à l’université d’Aix Marseille et spécialiste de John Dewey a
 choisi d’interroger la place de la démocratie à l’école et l’influence que
 pourrait avoir John Dewey sur cette institution. 
 
 
La notion d’expérience
 est centrale dans la pensée de
 Dewey. Défenseur du pragmatisme, doctrine selon laquelle n'est vrai que
 ce qui fonctionne réellement, il étudie les conséquences pratiques des phénomènes. Dewey cherche à mettre en lien
 l’expérience avec la
 démocratie et l’éducation.
Selon Dewey, l’organisation de l’école et des salles de classe
 ne correspond pas à la réalité.
 Les élèves sont immobilisés face à une parole qui doit venir se loger dans leur
 tête. L’enseignement
 classique y est vertical et le professeur incarne l’autorité pour l’élève qui peut s’y trouver soumis. L’école
 pose un cadre restrictif et ne permet pas de fournir un concept d’expérience étant donné qu’elle
 laisse place à l’agitation et peut laisser l’élève impuissant. L’école ne
 laisserait pas de place à l’élève pour participer à la vie de l’école par sa
 configuration ou les relations d’autorité établies.
La démocratie
 ne s’apprend pas en buvant les paroles de l’enseignant. Il faut la pratiquer,
 créer des espaces communs pour établir des liens, laisser place à l’expérience et au participatif.
Il faut pratiquer la
 démocratie
Dewey défend une éducation centrée sur les élèves comme la
 condition d’une école démocratique.
 Pour lui, le rôle des enseignants repose sur l’accompagnement des élèves dans
 leurs initiatives, qu’elles échouent ou réussissent. Les connaissances se
 transmettent grâce au dialogue, au partage et, surtout, à la pratique. En tant
 que pourvoyeurs, ils mettent à disposition des moyens techniques, du contenu et
 des matériaux. L’élève, rendu capable d’expérience, ne reçoit pas mais construit sa connaissance et
 participe activement à son éducation démocratique. En s’investissant dans la
 vie de son établissement, il devient partie prenante. Ils font du jardinage ou
 de la cuisine, s’investissent dans leurs écoles avec les tâches ménagères, nourrissent les animaux, et
 de ce fait, se créent leur propre environnement. Ce n’est plus un travail
 d’adaptation à un milieu étranger et une accommodation à des règles, mais bien
 celui de la construction de leur monde. Ainsi, selon Dewey, plus qu’une forme
 de gouverrnement, la démocratie est avant tout un mode de vie. 
Si l’apprentissage de la démocratie connaît des difficultés à
 l’école, elle n’est pas que le reflet de la démocratie à l’échelle de la
 société. Dewey regrette que
 l’actuelle démocratie représentative se soit instaurée au détriment de
 la participation de ses citoyens. L’objectif premier était de se gouverner sans
 maître, non pas de l’observer et de réagir a posteriori contre lui. L’école s’inscrit dans la même lignée
 : l’école doit être participative pour être démocratique. 

