Le Lys et la Plume, une alliance naturelle ?
« Tous les grands écrivains sont réactionnaires. Balzac, Flaubert, Baudelaire, Dostoïevski : que des réactionnaires ». C’est ainsi que Philippe Solers résumait au héros des Particules élémentaires, l’apparente prépondérance des personnalités réactionnaires dans la littérature. C’est sur ce rapport entre style et discours politique que Vincent Berthelier, maître de conférence à Paris Cité, étudie dans son dernier ouvrage : le style réactionnaire (2022).
« Tous les grands écrivains sont réactionnaires. Balzac, Flaubert, Baudelaire, Dostoïevski : que des réactionnaires ». C’est ainsi que Philippe Solers résumait au héros des Particules élémentaires, l’apparente prépondérance des personnalités réactionnaires dans la littérature. C’est sur ce rapport entre style et discours politique que Vincent Berthelier, maître de conférence à Paris Cité, étudie dans son dernier ouvrage : le style réactionnaire (2022).
Qu’est-ce qu’un écrivain réactionnaire ?
Le terme de réaction trouve son origine à la Révolution Française. Les adversaires de la démocratie étaient désignés comme contre-révolutionnaires ou réactionnaires.
Le conférencier reprend ce terme pour désigner tous ces auteurs dont le dénominateur commun est l’hostilité à l’égalitarisme et à la démocratie libérale. Ce faisant, la notion de « réactionnaire » permet d’analyser de manière synthétique plus de 100 ans d’histoire de la littérature française. Néanmoins, une telle simplification gomme la complexité de la droite radicale française. Ainsi, Drieu la Rochelle fut bien plus influencé par les surréalistes que par Joseph de Maistre.
De bons mots pour de bons principes
Au départ, on constate que c’est une conception classique du style qui prédomine, notamment par la figure de Maurras. En effet, pour le maître de Martigues, le bon style est celui qui exprime des idées claires et rationnelles. Dans la droite lignée de « l’empirisme organisateur », le style doit justifier les conclusions d’un raisonnement mis au service de la cause nationale. Ce faisant, Maurras est un adepte du classicisme français du XVIIe siècle.
Le style fait l’antimoderne
A partir des années 1940-50, on constate que la figure de l’écrivain réactionnaire bascule de l’essayiste à celle du romancier. Céline est le parfait exemple de ce style d’auteur, ayant davantage influencé ses contemporains par son style que par ses idées. Chez Céline, le style se traduit moins par un raisonnement rationnel que par l’affirmation d’une individualité en contradiction avec la modernité jugée décadente et aliénante. Cette recherche d’individualité face à la masse, transparaît aussi dans les œuvres du courant les Hussards. L’importance de la figure du séducteur ou de l’esthète traduisent cette recherche d’individualité aristocratique.
Le retour d’un style engagé au XXIe siècle
Alors que la fin du XXe siècle constituent une sorte de traversée du désert pour la droite littéraire, les années 2000 voient le retour de la droite radicale dans le monde des lettres. Des personnalités issues de la gauche comme Renaud Camus et Michel Houellebecq émergent. Même s’il y a plus d’une différence de personnalité entre le châtelain esthète et l’informaticien débraillé, tous deux annoncent le retour d’un style servant à diffuser des idées plutôt qu’à camoufler des opinions ou des sensibilités personnelles. Serait-ce le retour ironique d’une certaine conception maurrassienne du style ?
François Seret