Le 17 mars 2020 les 3.000 librairies de France métropolitaine ont été fermées du fait de la crise sanitaire, comme les bibliothèques et tous les lieux jugés non indispensables à la vie ou à la survie du pays. Les maisons d’édition ont dû retarder la publication des nouveautés. La chaîne du livre s’est arrêtée. Seule la vente à distance via notamment des plateformes déterritorialisées a poursuivi son activité jusqu’à ce que cette activité soit réduite aux besoins alimentaires. Dans ce contexte, l’injonction du président de la République : lisez des livres ! pendant le confinement a résonné bizarrement. Quelles leçons peut-on tirer de cette étrange période ? A-t-elle sensibilisé le public à la valeur des livres ? Au rôle qu’ils jouent dans nos vies ? Aux particularités de cette économie dont le chiffre d’affaire est bien supérieur à celui du cinéma et nettement moins aidé par les fonds publics ? La loi de 1981 sur le prix unique du livre est un atout dont on mesure encore mal la force. Au moment où les libraires sont menacées par l’augmentation de leurs charges, comment ces règles d’une concurrence ouverte peuvent-elles maintenir leurs effets positifs alors que la vente à distance se développe ? N’est-il pas temps que les libraires, éditeurs et distributeurs indépendants s’organisent pour offrir des services équivalents à ceux des plateformes généralistes ?