A l’hôpital psychiatrique de Saint Alban sur Limagnol, en pleine guerre, Lucien Bonnafé a jeté les bases, avec François Tosquelles, du renouveau de la psychiatrie française, qu’elle soit ‘’désaliéniste’’, ‘’institutionnelle’’, ou de ‘’secteur’’. A Saint-Alban, où les patients, délivrés de leur enfermement, tissent des liens avec la population, sont accueillis les résistants et ceux qui fuient les nazis. Paul Eluard et Georges Canguilhem sont au nombre de ceux-ci. Ils marquèrent ce lieu de leur empreinte. En retour, Saint Alban est le lieu d’une subversion radicale de la fonction d’asile, dévoyée et niée par l’extermination silencieuse, quoique non programmée, de 45.000 patients entre 1940 et 1944. Lieu d’enfermement et d’oubli, refuge, asile, ces différentes fonctions dans un même espace, ont été, et sont toujours, au cœur des débats, à l’heure où réapparaissent les pratiques d’isolement et de contention.