Jean Cavaillès expliquait ainsi son engagement dans la résistance : « Je suis spinoziste, je crois que nous saisissons partout du nécessaire. Nécessaires les enchaînements des mathématiques […] nécessaire aussi cette lutte que nous menons », liant ainsi indissolublement la rigueur de la pensée et l’aventure de l’action. Or il paraît évident à quiconque que la décision d’agir dans une situation d’exception, où les repères habituels n’ont plus cours, repose sur la liberté intérieure de celui qui la prend plutôt que sur une nécessité extérieure. Dans l’urgence, Cavaillès rappelle que décider, c’est aussi répondre sans délai. Quel sens dès lors accorder à ce lien entre la décision et la nécessité d’agir ?