L’histoire chorégraphique a souvent été pensée comme la somme des grandes œuvres et des grands hommes qui lui aurait donné forme. Se dessine dans cette conception l’idée d’une progression téléologique par ruptures et innovations, vers des formes chorégraphiques toujours plus modernes, contemporaines ou simplement « actuelles ». Or l’histoire du mouvement est bien plus complexe, des techniques et des pratiques très différentes pouvant exister de manière concomitante. Certaines entretiennent un lien fort avec la notion de tradition, ou font écho à des idées déjà esquissées puis disparues ; on peut être classique et créer à l’orée du XXIe siècle, de la même manière que les avant-gardes de l’entre-deux-guerres et certaines formes contemporaines sont susceptibles de se répondre au-delà des labels. La danse tendant à superposer techniques, courants de pensée et inscriptions symboliques, la modernité, par exemple, peut être entendue de bien des manières.