À l’occasion d’un cours sur la vérité, son professeur de khâgne André Lécrivain, raconte Chantal Jaquet, « a patiemment déplié
pour nous les propositions de l’Ethique II et m’a fait comprendre que je n’avais rien compris » (Juste en passant, PUF, 2021). Les
travaux de C. Jaquet se portent alors sur ce qui ce qui lui paraît, chez Spinoza, étranger, obscur ou même trop clair pour la tradition. Ils portent surtout sur la notion de puissance, celle du corps (agir) comme celle de l’esprit (penser), dont elle redéfinit à nouveaux frais les modes d’articulation (L’unité du corps et de l’esprit. Affects, actions et passions chez Spinoza, PUF, 2004, 2015 2  ; Spinoza à l’œuvre. Composition des corps et force des idées, Éd. de la Sorbonne, 2017). Spécialiste du XVII e siècle, C. Jaquet ne manque pas non plus d’étudier les divers liens que tissent entre elles les grandes figures du siècle, parmi lesquelles – outre Spinoza – Bacon, Descartes et Hobbes. Mais l’histoire de la philosophie est conçue comme la pratique d’une pensée vivante, elle-même nourrie d’héritages et de lectures critiques : « La philosophie est dialogue aussi bien avec les vivants qu’avec les morts, avec la part éternelle de leur esprit qui continue à travers les livres, à nous affecter et à produire des effets » (Juste en passant).